Durant la Seconde Guerre mondiale, l’historien Marc Bloch rédige Apologie pour l’histoire. Ce texte est est une réponse à son fils qui demandait quelques années plus tôt « à quoi sert l’histoire ». À pas grand-chose, aurait pu expliquer le médiéviste, qui voyait autour de lui s’effondrer l’Europe du savoir. Et pourtant, en plein cœur des ténèbres, il affirme sans hésiter : l’histoire est indispensable. En effet, « l’ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent ; elle compromet, dans le présent, l’action même ». Car l’homme, ajoute-t-il, « passe son temps à monter des mécanismes, dont il demeure ensuite le prisonnier plus ou moins volontaire ». Cette articulation novatrice entre passé et présent, qui marque l’inscription de l’histoire au sein des sciences sociales, a renouvelé en profondeur la pratique de la discipline.
Un article à retrouver dans le numéro 292 du magazine Sciences Humaines