Une exotique fourmi africaine ou un brave chat de gouttière ? Si entre les deux votre cœur balance, adoptez le second. Il sera plus câlin et moins dangereux – pour la biodiversité en tout cas. L’engouement pour les nouveaux animaux de compagnies, du hérisson à ventre blanc au boa constrictor, pose en effet de graves problèmes écologiques. Accident ou rejet volontaire, quelques individus finissent tôt ou tard dans la nature. Et s’y installent parfois définitivement, au détriment des espèces locales et de l’écosystème. Or, selon deux chercheurs de l’université de Lausanne, la moitié des espèces animales aujourd’hui proposées à la vente (notamment sur internet) sont invasives. Grâce à l’exemple des fourmis (un élevage « simple et décoratif », selon un site de vente), Jérome Gippet et Cleo Bertelsmeier expliquent ce phénomène : les commerçants préfèrent les espèces robustes, survivant aisément et s’adaptant sans difficulté à un nouvel environnement. Toutes qualités qui sont malheureusement caractéristiques des espèces invasives. Le problème est loin d’être théorique, comme en témoignent les villageois de Saint-Désirat (Ardèche) : ils subissent depuis des années une invasion de fourmis exotiques ayant le mauvais goût de créer des courts-circuits dans les gaines électriques. Alors, avant d’acheter une fourmi d’appartement ou une blatte de compagnie, réfléchissez longuement. Et rappelez-vous que le chat, comme aurait dit Jacques Brel, c’est beaucoup moins piquant mais tout aussi charmant… 
Sciences Humaines, 338, juillet 2021


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