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Handicapés : no sex ?
Vous êtes un homme, handicapé et en institution ? La probabilité que vous ayez un partenaire sexuel est deux fois moindre que pour les autres.
C’est ce que montraient en 2008 Alain Giami et Patrick de Colomby dans la Revue européenne de recherche sur le handicap.
De même, les personnes en situation de handicap sont moins souvent mariées ou en couple que les autres. Ces différences tiennent moins au handicap en soi qu’aux modalités de sa prise en charge (par exemple vivre en institution). Mais pourquoi précisément ?
Dans le dernier numéro de Vie sociale, la chercheuse Ève Gardien revient sur le poids des « procès sociaux ». Elle souligne, par exemple, que le handicap est associé à un taux de chômage deux à trois fois supérieur à la moyenne, une faible pratique des activités de loisirs et de moindres départs en vacances. Voilà qui diminue les occasions d’interactions sociales propices à la rencontre d’un partenaire. Autre exemple : au sein des institutions, les relations sexuelles ou amoureuses (lorsqu’elles sont admises) se déroulent au su et vu de tous : « Développer des relations de couple devient un risque interactionnel majeur, au sens où chacun des résidents ou des professionnels pourra aisément s’informer, commenter, juger ou même se mêler de cette idylle amoureuse. » Être à domicile n’est pas toujours plus simple : la venue quotidienne d’un tiers, ayant les clés, ne facilite pas la construction d’une relation intime avec un partenaire.
À travers ces divers cas, l’autrice insiste sur la dimension sociale des difficultés à construire des relations sexuelles et/ou amoureuses pour les personnes en situation de handicap.
Une actu à lire dans Les Grands Dossiers de Sciences Humaines n° 69, hiver 2022/2023
source : Ève Gardien, « La moindre fréquence des rapports socio-sexuels des personnes handicapées : différences corporelles ou inégalités sociales ? », Vie sociale, n° 38, 2022/2.