L’habit, dit-on, fait le moine. Le vêtement jaune et bleu ferait-il le postier ? L’historien Jérémie Brucker a consacré sa thèse, récemment publiée aux éditions de L’Arbre bleu, à l’histoire passionnante et jusque-là méconnue du vêtement professionnel. Celui-ci émerge au 19e siècle et ses caractéristiques (blanc du tablier de boucher ou bleu du vêtement ouvrier) se fixent peu à peu, notamment sous l’influence des fabricants qui le produisent. Dans les grandes entreprises comme La Poste, l’uniforme emprunte d’abord à l’univers militaire, ou plus prosaïquement, comme le montre les gravures présentées sur cette page, à la blouse paysanne, facile à confectionner. Ici, les boutons et le collet écarlate suffisent à la transformer en uniforme spécifique : il doit permettre au public d’identifier aisément le facteur. Après la Seconde Guerre mondiale, l’uniforme devient le support de la communication d’entreprise comme en témoigne l’apparition en 1987-1988 du célèbre vêtement jaune et bleu. Il est alors décliné également en version féminine, les femmes ayant depuis la fin des années 1960 droit, elles aussi, à la « tenue maison ».
Avoir l’étoffe. Une histoire du vêtement professionnel en France des années 1880 à nos jours Jérémie Brucker, L’Arbre bleu, 2021.
In Sciences Humaines n°344, février 2022