Si votre amoureux vous propose une exploration à la prison désaffectée de Loos plutôt qu’un week-end à Venise, pas d’inquiétude. Il est juste un adepte de l’urbex, une pratique qui consiste à « visiter sans autorisation et le plus souvent sans but lucratif des lieux délaissés ou abandonnés » (Nicolas Offenstadt, Métropolitiques, janvier 2020). Qu’il s’agisse d’usines, d’égouts ou de stations désaffectées, la mode est ancienne : elle naît de la désindustrialisation des années 1970-1980. Le nom, lui, apparaît dans le monde anglo-saxon dans les années 2000 (urbex est un raccourci de urban exploration). Pratiquée comme culture urbaine alternative, elle attire aujourd’hui les chercheurs, qu’il s’agisse de documenter le socialisme réel de RDA (N. Offenstadt), les mutations industrielles et urbaines en Chine (Judith Audin) ou une forme inédite de tourisme (Aude Le Gallou). Si certains estiment que « par la confrontation directe et personnelle qu’elle permet avec les traces du passé, l’urbex offrirait la possibilité d’un rapport alternatif à l’histoire des lieux et d’une valorisation de mémoires dominées », d’autres lui reprochent d’être pratiquée par pur esthétisme, ce qui « contribuerait à l’ignorance des processus sociaux, économiques et politiques dont témoigne l’abandon massif ».  

A lire : Aude Le Gallou, « Exploration urbaine (urbex) et ruin porn » Géoconfluences, avril 2021

Sciences Humaines n°344, février 2022

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