« On choisit pour les seize pions, seize femmes de même taille ; les deux reines étaient madame de Barral et madame la duchesse de Bassano. » Dans ses mémoires, la duchesse d’Abrantès se souvient du quadrille des échecs, dansé à la cour de Napoléon en 1810. Le spectacle est alors chorégraphié par Jean-Étienne Despréaux, à qui vient d’être consacrée une journée d’étude. Pratiqué comme danse d’agrément, le quadrille, hérité des « contredanses » du 18e siècle, associe plusieurs couples enchaînant des figures types. Sous la direction de J.É. Despréaux, c’est aussi un spectacle réunissant des dizaines de danseurs, avec costumes et accessoires. J.É. Despréaux est d’autant plus réputé qu’il a été maître de ballet sous Louis XVI et apporte un peu du lustre de l’Ancien Régime. S’y ajoute une dimension politique, comme lorsque l’un de ses ballets donne à voir l’alliance de la France et de l’Italie. En croisant leurs regards sur cette figure emblématique, historiens de l’art, historiens de la danse et danseurs témoignent de la richesse d’une approche interdisciplinaire de l’histoire de la danse, trop longtemps négligée par les sciences sociales.

Source : Colloque « Quadrilles : danse et divertissements entre République et Empire, autour de la figure de Jean-Étienne Despréaux (1748-1820) », Bibliothèque nationale de France, 26 novembre 2021.

Sciences Humaines, mensuel n°345, mars 2022