Des travailleurs tués par la chaleur ? À l’été 2020, l’inspection médicale du travail évoque le lien possible entre la mort de douze d’entre eux et la vague de chaleur qui frappe la France. Et ces drames risquent de se multiplier avec le réchauffement climatique. Deux chercheuses de l’Union of Concerned Scientists ont évalué l’impact monétaire de ce risque aux États-Unis, en se concentrant sur les professionnels travaillant en extérieur (qui risquent 35 fois plus de mourir de l’exposition à la chaleur que les autres travailleurs américains). Elles ont croisé une carte de prévision du réchauffement, comté par comté, avec les résultats du recensement américain, comportant notamment le nombre de travailleurs en extérieur et leurs revenus. Elles se sont ensuite basées sur les recommandations du Center for Disease Control, qui invite à diminuer les heures de travail au-delà de 100° Fahrenheit ressentis (37,7° Celsius), et les arrêter complètement au-delà de 108°F ressenti (42,2°C). Résultat : sans action pour lutter contre le réchauffement climatique, sept millions de travailleurs américains verront leurs revenus baisser de 10 % en raison de l’impossibilité de travailler un nombre croissant de jours. En cas d’action réduite sur le climat, ils seraient encore quatre millions. Les plus touchés seraient les Afro-Américains et les Hispaniques, plus nombreux dans ce type d’emplois. Enfin, ces absences contribueraient à désorganiser les activités concernées, notamment dans les travaux publics, la cueillette et récolte mais aussi les forces de l’ordre ou les pompiers.
Grands Dossiers de Sciences Humaines, n°65, hiver 2021/2022